Instaurer la confiance, concrétiser les espérances

Rabat le 9 Juin 2014,

 

Chères consoeurs , chers confrères,

 

La communauté médicale marocaine se trouve aujourd’hui à un tournant décisif de son histoire : elle est  invitée le 22 juin prochain à choisir celles et ceux à qui elle va confier , pour les quatre années à venir, les rennes de sa destinée.

Ces premières véritables consultations revêtent une importance capitale pour la profession, car le législateur (la loi 08-12), attribue désormais au Conseil National de l’Ordre des Médecins des prérogatives plus larges.

Nous avons assisté, au fil des dernières décennies, à une démobilisation des professionnels de santé en général et des médecins généralistes en particulier, qui a abouti in fine à leur démission de « la chose médicale ».

Parallélement s’est opérée une rupture progessive du traditionnel contrat liant la communauté à ses médecins , entraînant une perte alarmante de leurs pouvoirs .

Le système de santé touche à l’humain en ce qu’il a de plus intime. La confiance y est essentielle !

Nous avons également assisté à une désorganisation progressive du système de santé, avec comme corollaire une « consommation » anarchique et désordonnée des soins. Car un système de santé organisé est une pyramide ayant pour socle et porte d’entrée les soins de santé de base  et à l’intérieur de laquelle le patient chemine le long d’un parcours « balisé ».

Trois chantiers intimement liés et urgents attendent la communauté médicale :

–          Le rétablissement de la confiance de la population à l’égard de ses médecins

–          Le rétablissement de la confiance des médecins à l’égard de l’institution ordinale.

–          La réorganisation de notre système de soins et son articulation autour des « fantassins » de la première ligne de soins que sont les médecins généralistes !

Si la mission principale du futur Conseil de l’Ordre  est de contrôler l’accès et l’excercice d’une profession de grande technicité et au cœur de l’humain et de veiller au respect de l’éthique et de la déontologie, l’institution ordinale doit également contribuer à la réflexion pour la réorganisation de notre  système de soins pour plus d’efficience et d’équité (parcours coordonné des soins, repositionnement du médecin généraliste, médecin traitant, médecin référent), faire progresser la qualité des actes des professionnels, accompagner les évolutions sociétales, législatives et économiques et veiller au bien être de ses membres (droits, couverture médicale, retraite, fiscalité.)

Nous avons besoin d’un Ordre fort, « solidaire » de la communauté qui l’a élu,  prêt à aider les médecins en grave difficulté ou leur famille, quelle que soit la source ou la nature de ces difficultés : maladie, accident, décès, problème financier. Nous avons besoin d’un ordre capable d’ épauler la communauté médicale lourdement sanctionnée par la conjoncture économique , en plaidant pour la mise en place  de mesures  fiscales incitatives à l’attention des jeunes médecins généralistes désireux de s’installer dans les « déserts  médicaux »,   la mise à leur disposition , dans le cadre du partenariat public-privé , des centres de santé dépourvus de ressources humaines pour la prise en charge des « ramedistes », moyennant contrat, l’organisation d’une formation médicale continue structurée, indépendante et gratuite.

C’est justement pour défendre ces valeurs et cet ambitieux programme de restructuration de notre système de soins, que  le syndicat national de médecine générale a  décidé, après mûre reflexion et concertation avec sa base, de présenter la candidature aux prochaines consultations du 22 juin prochain, tant sur le plan régional que national, d’un certain nombre de militants au fait de la problématique de la santé dans notre pays , en espérant qu’ils se retrouvent demain au sein d’une équipe qui partagerait la même vision et les mêmes valeurs que celles qu’ils cultivent.

Ces candidatures s’inscrivent dans la continuité de l’action des fondateurs du syndicat national de médecine générale en faveur de la médecine en général et de la médecine générale en particulier. Une action militante sur plusieurs fronts (refonte du cursus de base, reconnaissance de la médecine générale /médecine de famille comme spécialité à part entière, repositionnement du médecin généraliste/médecin de famille dans le système des soins, intégration des médecins de proximité dans la chaine de l’urgence, formation  médicale continue, négociations tarifaires, couverture médicale des prestataires de soins) inititiée depuis près de 20 ans et dont les résultats sont aujourd’hui à porté de main.

C’est par votre mobilisation massive le 22 juin prochain , qu’ensemble, tous secteurs confondus, nous pourrons défendre toutes ces valeurs de redonner à notre profession la place qui lui échoit au sein de la grande famille médicale et de la société.

 

Docteur Rachid Choukri

 

1 Comment

Submit a Comment